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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 22:23

« Cartellomania »

sur Lituraterre de Jacques Lacan (1971)

Qu’est-ce qu’une lettre ? - Pascale Simonet

On peut distinguer trois temps dans l’élaboration de Lacan sur la lettre, trois temps qui correspondent à trois conceptions du sujet.

1. Dans « Fonction et champ… », le sujet est le sujet de la parole pleine dans laquelle il réalise sa vérité de sujet. Dans l’analyse, il a à reconnaître le mythe qui le fonde. Il n’est pas déterminé par le signifiant.

2. Dans « L’instance de la lettre », tout comme dans « La lettre volée » qui ouvre les Écrits, le sujet n’est plus celui qui parle, mais celui qui est parlé, il est saisi comme élément opératoire, comme un instrument qui se déduit du signifiant. Lacan souligne à cette époque la prééminence de la fonction du signifiant. Le sujet barré est sous la barre, il est un effet de la formule S1-S2. Le sens fuit. Il s’agit d’attraper le sujet dans les rets du signifiant. Comment ? En repérant l’insistance de la lettre, qui s’en différencie par sa structure localisée, et qui fait apparaître la structure du signifiant. La lettre démontre les effets du langage qui déterminent le sujet, par ses renvois d’un signifiant à l’autre.

3. « Lituraterre » ouvre Les Autres écrits. Ce texte va revenir préciser et accentuer la distinction de la lettre et du signifiant, déjà présente dans « L’instance… ». Le sujet est un parlêtre, mixte de sens et de jouissance.

On distingue classiquement trois versants de la lettre.

1. Tantôt la lettre désigne l’épistole, située comme missive envoyée à un destinataire. C’est un texte adressé à quelqu’un, un objet qui circule entre des personnes.

2. Tantôt la lettre est prise comme caractère typographique, autrefois imagée dans les caractères d’imprimerie. C’est la lettre de l’alphabet. Elle est liée au signifiant, mais ne s’y confond pas. Elle y est localisée. C’est aussi un objet.

Prendre un signifiant à la lettre, c’est ne pas s’attacher au sens. C’est faire attention à ce qui se répète comme lettre, dans ce qui se dit, en tant que le signifiant insiste. Lacan en donne deux exemples.

- Il construit un réseau de signes + et de signes – pris au hasard, qu’il annote de petites lettres, alpha, bêta, gamma, et les met en série. Cette mise en série de hasards fait apparaître des lois de probabilité. Ces lois ont ceci de commun à celles du signifiant et du langage qu’elles opèrent indépendamment de tout sens. Sur la dimension structuraliste Lacan greffe une dimension subjective propre à la psychanalyse : à l’origine de cette construction, il y a nécessairement un sujet qui choisit les éléments qui organisent la construction de ce réseau.

- Il prend aussi l’exemple des hiéroglyphes égyptiens où, pour signifier diverses formes du verbe être, apparaissent des signes qui évoquent des vautours ou des poussins. Il est clair que ces hiéroglyphes ne s’intéressent nullement aux espèces ornithologiques, mais témoignent de ce qu’un sujet a choisi de faire apparaître ces signes-là.

Prendre le signifiant à la lettre, dans les rêves notamment, c’est donc marquer la prééminence du symbolique sur tout processus imaginaire.

3. Tantôt, la lettre se détache de la pluie des signifiants en dissolution, et creuse un ravinement, toujours le même, sur le corps du sujet. Elle est alors située par son tracé répété, par sa marque sur le corps. Elle est à la fois objet a et trou.

C’est la lettre de Lituraterre où Lacan prend son départ du ruissellement dans la plaine sibérienne qu’il observe de son avion à son retour du Japon, c’est-à-dire, après y avoir « éprouvé un peu trop de chatouillements »[1]. La lettre n’est pas seulement insistance du signifiant, mais insistance d’autre chose, d’un pinceau ou d’un ruissellement qui évoque un réel, une jouissance.

Si ces trois versants de la lettre sont déjà à l’œuvre dans « L’instance de la lettre », nous y reviendrons, « Lituraterre » va préciser ce qui disjoint la lettre et le signifiant et porter l’accent sur la dimension de trou qu’opère la lettre.

La lettre témoigne d’un effet de jouissance qui opère une rupture radicale avec le signifiant. Lacan va donc distinguer le signifiant comme semblant, de la lettre dont il cherche à faire un usage qui ne serait pas de semblant. « Il cherche, dit-il, à ramener le signifiant à la lettre qui le borde »[2]. Pourquoi ?

Parce que, dans une analyse, le signifiant, dans sa structure de langage, est destiné à être lu. « L’inconscient est ce qui se lit avant tout », trouve-t-on dans la postface du Séminaire XI. Or, dans une analyse, on éprouve la multivocité du symptôme. Freud avait déjà noté que l’inconscient pouvait mentir et argumenter. Le sens fuit à tous vents. Le signifiant a un « côté coureur de jupons, pas marié avec le signifié », dit Jacques-Alain Miller. C’est le côté miroitements du signifiant, chatoiements de la sophistique, scintillements du semblant.

Lituraterre cherche à cerner, dans le signifiant, la dimension uni-littérale, le côté « toujours le même » de la jouissance, qui se localise dans une lettre. Il s’agit, dans l’analyse, de saisir le « c’est écrit » en tant que « ça fonctionne » toujours comme ça.

La lettre peut bien entendu avoir un usage de signifiant, et ce, même dans l’écrit : il y a des écrits qui mettent au jour la trame du fantasme, qui sont écrits pour que ça parle, qu’il y ait un sens joui dans le texte, de même qu’un symptôme a une face de jouissance transparente, lisible, déchiffrable.

Mais la lettre a une autre face, obscure, hors sens, illisible, intimement liée à l’opacité du symptôme en tant qu’événement de corps. L’homme a un corps dans lequel se passent des événements qui lui échappent. La puissance traumatique d’un événement tient à la remise en jeu des signifiants essentiels du sujet. C’est le niveau que Lacan explore, celui de « la jouissance incomptable, celle qui n’est pas vraie, qui n’est pas signifiantisée ».[3]

« Une lettre arrive toujours à destination » dit-on.

Dans « La lettre volée », une lettre arrive toujours à destination, parce que le sujet qui croit l’envoyer ou la détenir ne fait que recevoir son propre message sous une forme inversée. La lettre suit la logique du signifiant.

Dans « Lituraterre », une lettre arrive toujours à destination, comme le ruissellement sibérien, parce que sa destination n’est pas l’autre, mais la jouissance du sujet. « On parle à l’Autre, on s’écrit à soi-même », comme le dit joliment Jacques-Alain Miller.

Ce jeudi 4 décembre 2014 à 20h45

au local de l’ACF-Belgique

rue Defacqz, 16, 1050 Bruxelles

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commentaires

L
Bonsoir chèrs frères et soeurs<br /> Je m'apelle CELINE LOPEZ<br /> Je fais ses témoignages pour témoigner la compétence d'un vieux vraiment formidale.<br /> Je vous assure que j'ai eu à contacter plusieurs marabouts qui sont rien que des faux , des menteurs, des escros je ne sais plus quoi les qualifiés mais suite aux plusieurs recherches je suis tomber sur ce vieux qui m'a vraiment redonner le bonheur , le bonheur que je recherche depuis tant d'années il est vraiment formidable je souffrais d'une rupture avec mon mari il m'a quitté cela à fait 1 an 1 mois et mème au boulot j'ai perdu le travail mon père était gravement malade mais dans un interval de 3 jours je vous rassure que j'ai eu des miracles dans ma vie grace à ce vieux aujourd'hui je vis bien avec mon mari , mon père est guérit, on m'a rapellé au boulot et j'ai mème reffuser mais actuellement je suis dans un autre service qui est mieux que l'autre vraiment je ne sais pas comment remercié ce vieux il m'a travailler sans me prendre un euro j'ai d'abord eu la satisfaction avant de le récompenser vraiment il est très bon ce vieux . Alors vous qui souffrez de n'importe que problème , vous qui avez n'importe des soucis ne vous faites plus de souci contacté directement ce vieux voici son adresse mail retourbonheur@yahoo.fr ou vous pouvez l'apellez directement sur son numéro portable 00229 98 25 61 15
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